Nos photographies des Rocheuses canadiennes ont eu un franc succès sur notre page Facebook ! C’est vrai que ce lieu fait rêver. Cette chaîne qui s’étend sur 4800 km en Amérique du Nord, dont 1200 kms côté Canada, offre des panoramas splendides. Lacs et glaciers se succèdent pour notre plus grand plaisir à Banff et Jasper.
Cependant, c’est aussi l’heure d’une réflexion plus poussée, sur les dérives du tourisme de masse et les incohérences de la gestion des parcs nationaux.
Réflexion environnementale
Deux événements fondateurs ont permis le développement du tourisme dans les Rocheuses canadiennes : la découverte de sources chaudes et la création du chemin de fer transcanadien. Les parcs nationaux ont été lancés dans la foulée (1885), mais le but d’attirer les voyageurs était bien affirmé, contrairement à celui de préserver des zones naturelles extraordinaires. Même si l’aspect protection de l’environnement a gagné du terrain, le tourisme de masse se fait fortement sentir. Et parfois, nous fait sentir mal à l’aise.
Sommes-nous à notre place dans cet environnement ? Est-ce que les activités humaines dans une région remplie de glaciers ne seraient pas hautement néfastes ?
On peut être très optimiste et se dire que chacun des 3,5 millions de visiteurs entrés dans Banff par an en ressortira changé par cette beauté magnifique et vouera sa vie à la protection de l’environnement. Mais peut-être pas.
Découvrir les Rocheuses canadiennes et occulter l’exploitation des sables bitumineux, pour de fervents défenseurs de l’environnement comme nous, ce n’est pas possible. Oui, cette activité hautement pollueuse du sol et de l’eau est pratiquée en Alberta. La même province où se trouvent les glaciers des Rocheuses canadiennes, à seulement 856 km d’eux (distance entre les villes de Fort Mc Murray et Banff).
Et alors que nous apprêtions à venir les visiter, le P. ministre du Canada J. Trudeau relançait le projet d’oléoduc vers les États-Unis en mars 2017. Beaucoup de choses résonnent dans ces différentes informations. La dépendance au pétrole de deux des plus grandes nations du monde est désespérante. Les activités liées à son exploitation dans cette région si proche du cercle polaire et des montagnes Rocheuses montrent déjà leurs vrais visages (source 1, source 2). Mais leur acheminement par oléoduc à travers la province et les États-Unis l’est encore plus (sans parler de la pression sur les communautés autochtones originaires de cette région).
Cela pourrait être la fin du tourisme dans les Rocheuses canadiennes. Mais cette activité étant tellement bénéfique économiquement pour le pays, il est difficile d’imaginer que les différents gouvernements provinciaux et fédéraux laissent tomber cette manne.
La naissance du premier Parc National Canadien : Banff
La découverte : Cave and Basin
L’histoire du parc national de Banff tient de la trouvaille d’un trou ! En 1883, trois travailleurs des chemins de fer (re) découvrent celui-ci et décident de l’explorer. Peut-être pensaient-ils tomber sur de l’or, ou un trésor abandonné. En tout cas, ils furent convaincus que les sources d’eau chaudes qui s’y logeaient allaient les rendre riches.
Cette anecdote passionnante est révélée sur le site historique Cave and Basin à 5 minutes du centre-ville de Banff. Le lieu de la découverte est maintenant un musée dédié à la mémoire de ces sources, après avoir été des bains thermaux très achalandés au début du XXe siècle.
Ainsi naquit une ville
La combinaison de la voie de chemin de fer transcanadienne et la création du premier parc national canadien autour des sources chaudes ont permis le développement de la ville de Banff. Avec environ 7000 habitants à l’année, elle héberge une certaine quantité des 3 millions de visiteurs qui foulent cet espace.
Hormis les hôtels luxueux ou pas, les commodités se rapprochent de ce qu’on peut trouver de partout avec du Airbnb et des terrains de camping gérés par Parcs Canada. Ces derniers sont nombreux et vous pourrez facilement les réserver via cette page.
Vous noterez rapidement que la plupart des hébergements, hors camping, se payent très cher…
Chacun sa route
Jasper a la promenade des glaciers. Banff a celle de la rivière Bow (ou Alberta Highway 1A). Beaucoup moins longue, celle-ci est l’alternative idéale à l’autoroute 1 sans charme qui relie Banff à Lac Louise ! Cette route se perd dans des forêts de hauts pins et parcourt 51 km le long de la rivière. Et parfois, des nuées de montagnes s’exposent sous nos yeux. Les arrêts offrent des points de vue formidables sur le cours d’eau et le relief. Un des plus connus est la courbe de Morant (Morant’s curve) où la voie de chemin de fer du Canadien Pacifique, la compagnie ayant créé le premier réseau transcanadien, serpente au fond de la vallée.
Il pleut pendant votre passage ? Faites une halte au Cabin café de Baker creek pour vous asseoir dans de confortables fauteuils en mangeant une douceur faite maison.
À ne pas manquer
Comme toute route panoramique, celle de la rivière Bow a un arrêt immanquable : le Canyon Johnston. Notre camping étant à côté, on avait prévu de le visiter en arrivant de Lake Louise. Le temps en a décidé autrement ce jour-là (entendez, il a plu des cordes et on est allé manger des gâteaux – voir note plus haut 🙂 ) et nous y sommes retournés plus tard lorsque nous campions à Banff.
Comme chaque incontournable des parcs canadiens (ou de n’importe quel lieu touristique), ARRIVEZ TÔT !
Oui, on l’a écrit un nombre incalculable de fois depuis le début de notre voyage, on a l’air fatigant à le répéter, mais une fois de plus cela s’est avéré au Canyon Johnston. Si vous souhaitez avoir une belle expérience, suivez ce conseil !
Le parcours est divisé en plusieurs étapes. La zone canyon avec les upper et lower falls et la partie Inks pots environ 3kms plus haut. La randonnée fait en tout 11 kms aller-retour. La première portion est la plus achalandée et aussi la plus étroite. A notre retour, après être allés jusqu’aux Ink Pots, nous étions assaillis par un flux important de visiteurs. Cela nous a beaucoup ralentis dans la descente et rend le trajet difficilement supportable. Mais la totalité du parcours offre une diversité vraiment impressionnante, entre la montée à travers les chutes d’eau et le plateau d’arrivée où l’on retrouve les fameuses piscines colorées. Celles-ci n’étaient pas sans nous rappeler ce que l’on a pu voir dans Yellowstone !
La beauté des lacs
Banff est réputé pour ses lacs d’une pureté à faire envier les cartes postales du monde entier ! Et croyez-nous que les photos que vous verrez ne sont en aucun cas retouchées et les couleurs sont uniques. Voici ceux que nous avons visités et pour certains que nous vous conseillons. 😉
Lac Bow
Ce lac est assez immanquable par sa grandeur et par le nombre de touristes arrêtés sur le bas-côté qui font n’importe quoi pour le photographier…
Pour l’apprécier, entrez plutôt sur le chemin vers le Num-Ti-Jha lodge. Il existe qui plus est une aire de pique-nique pour manger au bord de l’eau et même une boutique de restauration. Encore un bon endroit où trouver des gourmandises 😉 .
Après cet intermède restauration, prenez vos belles chaussures de randonnées et votre anti moustique afin de crapahuter dans le sentier Bow Glacier Falls. Ses 8,5 km longent le pourtour du lac, pour finalement atteindre ces chutes si impressionnantes !
En revenant par ce côté, le rouge du lodge offre un contraste saisissant avec le bleu du lac et les montagnes environnantes. Si ce n’est pas le paradis, cela s’en approche quand même de près !
Lac Peyto
Encore un de nos coups de cœur ! Sa forme si originale vous donne l’impression de voir la tête d’un chien turquoise. Sacrément atypique comme paysage avec les montagnes autour, vous ne trouvez pas ?
Afin d’éviter l’entassement avec la masse de touristes venue admirer cette singularité, nous vous conseillons de marcher un peu plus loin que le principal belvédère d’observation. Des points de vue totalement isolés sauront ravir les plus curieux sans faire d’efforts incommensurables. 😉
Sachez qu’il est aussi possible de partir du Lac Peyto pour effectuer une randonnée qui vous mènera sur les hauteurs afin d’apercevoir le Lac Bow. Le Bow Summit Trail est une marche de 6 kms avec un faible dénivelé. Avec un peu de chance, vous croiserez une marmotte qui se laissera prendre en photo :).
Lac Louise
Le Lac Louise est vraisemblablement l’un des lacs les plus connus et photographiés du Canada. Difficile de compter les nombreux clichés de personnes faisant du canoë sur cette eau turquoise.
Ceci étant dit ce lieu est donc aussi le plus achalandé des rocheuses. Même en venant à 7 h 30, des visiteurs sont déjà présents pour y faire des photos. Il ne faut pas oublier qu’un Hôtel Fairmont trône juste au bord depuis 1911. Quand on vous parle de tourisme de masse, on est en plein dedans. C’est un vrai centre de dépense d’argent avec des restaurants très chers et des chambres hors de prix.
Le tour du lac en marchant est une bonne manière de découvrir le lieu ou même faire des randonnées plus grandes autour. Nous n’avons pas été emballés par ce lac à cause de cette surexposition à l’argent et de l’aspect surconsommation de paysage. 100$ pour une heure de canoë cela n’est-il pas un peu exagéré ?
Un conseil venez tôt pour profiter de la vue et effectuer une marche sur les hauteurs. Des navettes gratuites permettent de rejoindre facilement le lieu depuis Banff. 😉
Lac Moraine
Ah le lac Moraine ! L’ancien emblème des billets de 20$ canadien, ce n’est pas rien !
Moins touristique que son voisin, il n’est pas un lieu secret pour autant ! Les couleurs étaient plus éclatantes et vives, ce qui nous a vraiment fait adorer ce lac.
La petite randonnée du tour du lac offre différents points de vue intéressants ! N’oubliez pas de monter via le chemin très court de Lake Moraine Viewpoint afin de profiter d’une vue plus en hauteur. Certes maintes et maintes fois photographiées, mais à voir de ses propres yeux.
Prendre des hauteurs dans les Rocheuses
Bien que déjà situés en permanence à presque 2000 m, la majeure partie des points d’intérêts se trouvent dans la vallée. En prenant un peu d’altitude, le sentiment de dépaysement sera décuplé ainsi que celui de solitude !
À vous les vues surréalistes, les animaux sauvages et les jolies fleurs d’altitude 🙂
Chaînon parker
Située sur le Icefield Parkway, juste après l’entrée de Banff depuis Jasper, la randonnée Parker Ridge offre une bonne mise en jambe. Pas très technique, elle a le meilleur rapport effort-vue que l’on ait fait.
Arrivé en haut, le clou du spectacle est de pouvoir observer le début de la rivière Saskatchewan, avec le glacier éponyme à ses pieds. Un moment privilégié, car la vue sur cet environnement est juste magnifique !
Cette randonnée étant assez populaire, nous vous conseillons (encore) de venir tôt afin d’avoir la vallée pour soi.
C-Level Cirque
Avec un dénivelé de presque 720 m pour 10kms, cette randonnée offre une bonne bouffée d’oxygène loin de la foule. Nous avons croisé moins de 10 personnes pendant notre trajet ! Autant vous dire que l’on se sentait seuls au monde ;). La marche est très agréable, mais la fin du sentier est plus technique et très pentue.
Quand vous êtes dans les environs, vous pouvez faire un détour pour visiter le Lac Minnewaka ! Dans ces moments-là, on regrette vraiment de ne pas avoir de canoë ou de kayak, car c’est réellement un beau moyen de profiter de ce parc sans payer le prix fort des locations.
La biodiversité de la haute-montagne
Respecter les sentiers, pas que à Banff d’ailleurs !
Qui n’a jamais coupé un chemin de randonnée pour aller plus vite ? Nous l’avons fait et plus d’une fois ! L’heure n’est pas de faire la morale sans montrer du doigt ses propres défauts. Sur les sentiers des Rocheuses, de nombreux panneaux de signalisation permettent de sensibiliser les marcheurs aux dégâts causés par ce genre de pratiques. C’est facile de penser que c’est inoffensif. Mais les effets sont bien là : les sols se détériorent petit à petit à force d’être piétinés. Les végétaux n’arrivent plus à repousser. Et quand c’est le cas, les parcelles sont affaiblies, car la flore sert à retenir l’eau et les minéraux qui en découlent.
Finalement, cette dégradation va jusqu’à créer des glissements de terrain. Mais aussi empêche les petits rongeurs de pouvoir se cacher et se nourrir dans les fourrées. Ainsi, ils montent plus en altitude et la biodiversité en est bouleversée ! Bien sûr, tous ces changements prennent du temps, des dizaines d’années. Pourtant, il suffit d’avoir (ou garder) de bonnes habitudes pour que la nature suive son cours !
Faune et fleurs sauvages
Un des bonheurs de pouvoir randonner en montagne est d’apprécier sa faune et sa flore. Ces rencontres végétales ou animales animent les sentiers ! Notre route a croisé celle de cette belle biodiversité. Ce sont ces découvertes qui nous donnent l’envie de protéger toujours plus la nature par nos gestes, mais aussi nos paroles.
Voici en photo quelques uns de ces face-à-face. 🙂
Merci pour votre témoignage, par contre je ne sais pas si j’ai toujours l’envie d’aller à Banff au vu du nombre de touristes que vous mentionnez si souvent..
Bonjour,
Si vous préférez quelque chose de plus sauvage et avec moins de monde je vous conseille plutôt Jasper qui reste pour moi le plus attractif des 2 parcs. Une pépite qui vous donnera un magnifique exemple de ce sont les rocheuses Canadiennes. N’oubliez pas de parcourir la promenade des glaciers !
Plus d’animaux sauvages, moins de monde : le compte est bon pour ma part 🙂
Bon choix 😉
Pierre