Cuba est une destination très prisée par les Canadiens. Très accessible aussi. L’île se trouve à seulement 5 h de vol de Montréal, avec des tarifs très avantageux. Cependant, beaucoup choisissent d’y séjourner en hôtel tout-inclus, car Cuba reste un pays assez mal-connu. En discutant de notre projet de voyage avec des collègues, Laura s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de méconnaissance. Certains parlaient d’insécurité, d’autres de pauvreté.
Tout d’abord, vous avez peu de chance en tant que touristes de vous faire agresser. Les cubains courent bien trop de risque en faisant ça. Au pire, des Cubains profitant de visiteurs crédules vont essayer de vous arnaquer (faux cigares, vente de produits à prix très élevés). Mais, il suffit d’être un peu vigilant et, finalement, c’est surtout dans les quartiers touristiques de La Havane que vous serez achalés.
Concernant la pauvreté, c’est une image héritée des années noires (“période spéciale en temps de paix”) qui ont suivi la fin de l’URSS. Le pays était son principal allié et fournisseur en biens et énergie. Après l’effondrement de l’empire communiste, Cuba s’est retrouvé effectivement sans ressource. Cela a engendré beaucoup de misère malheureusement, plusieurs famines… Mais, actuellement, malgré des années d’embargo, on ne peut pas dire que l’île soit misérable. Elle est loin de notre vision occidentale du confort, mais il n’y a pas d’itinérants dehors, les soins médicaux sont notamment gratuits, etc.
Bref, voici les points marquants de Cuba que l’on aimerait partager avec vous.
Cuba : la propaganda para la patria !
Forcément, c’est sûrement une des premières choses à laquelle on pense en abordant Cuba, et à raison. Son histoire tourmentée est présente de partout sur l’île. Le drapeau national est largement affiché dans les rues de La Havane. En plus des nombreux monuments érigés à la mémoire des héros locaux ayant participé à la Révolution cubaine (Ernesto « Che » Guevara, Camilo Cienfuegos), on retrouve aussi ceux qui ont joué un rôle majeur dans la construction de leur indépendance (José Marti notamment). Tout comme des affiches et slogans, qui sont sans cesse le rappel que le pays est sous le joug d’une importante propagande. Pour des Occidentaux, nous avions trouvé cette omniprésence frappante alors qu’elle doit sembler bien banale aux Cubains.
Finalement, en rentrant à Montréal après 10 jours de déconnexion totale, un parallèle inattendu nous a troublés. Là où les héros et la propagande, glorifiant le pouvoir, sont présents dans l’espace public cubain, dans celui de nos pays occidentaux, nous y retrouvons de la publicité. Que cela soit sur les bords d’autoroute, dans les transports en commun ou sur les places publiques. Ainsi chaque espace est utilisé pour promouvoir un nouveau produit, une nouvelle activité ou une émission télévisée. Alors que la publicité, en tant que telle, est peu présente à Cuba, nous nous en sommes littéralement assaillis au Québec.
La question à se poser serait de savoir si cette démarche est bien différente d’une propagande. Tout d’abord cela nous empêche de penser à autre chose, à ce qui ne va pas. Ensuite cela pousse à la consommation de biens dont nous n’avons même pas besoin. Le dernier téléphone à la mode, un nouveau gadget de cuisine et d’autres. Au-delà de la critique de notre société, se confronter à un autre pays permet aussi une introspection sur son propre mode de vie, et de voir plus loin que le simple constat qui s’offre à nos yeux.
Les paysages de l’ouest de Cuba
Nous avons visité la partie ouest de l’île, car en 10 jours nous voulions nous concentrer sur des lieux précis (La Havane et la vallée de Viñales). Donc, nous n’avons approché qu’une infime portion des paysages que Cuba a à offrir. Malgré tout, nous avons été marqués par sa beauté. En dehors de La Havane et de quelques autres villes, le pays reste très rural et sauvage. Même le système routier est peu développé (et les nids de poules sont aussi présents qu’à Montréal).
Dans la vallée de la Viñales, nous avons pu jouir de paysages jusqu’alors inconnus pour nous. Le parc national du même nom est protégé au patrimoine mondial de l’UNESCO, à juste titre. Le paysage est par exemple parsemé de mogotes, ces buttes calcaires qui en font sa caractéristique. Par ailleurs la végétation luxuriante offre un contraste saisissant avec la terre rouge.
C’est aussi une région empreinte d’agriculture. Les machines mécaniques sont peu utilisées sur l’île à cause de l’embargo, les paysans emploient toujours la force animale et manuelle pour leurs travaux. C’est l’occasion de visiter des plantations de tabac et autres fruits tropicaux (ananas, café…).
À seulement quelques heures de route du parc se trouvent de magnifiques plages avec une eau transparente. Malgré une certaine affluence due à leur popularité, elles sont encore peu achalandées notamment pour celles n’ayant pas de possibilités d’hébergements sur place. Un lieu idéal pour s’adonner à la photographie, plonger ou aussi se relaxer dans du sable fin.
La Havane
Nous sommes arrivés dans le quartier de la Vieja Habana le 12 février 2016 aux alentours de minuit. Au cœur de la nuit, la ville avait un aspect désolé. Personne dans les rues, ou presque. Un calme prégnant. Le lendemain matin, c’était une tout autre réalité. Pour ce quartier historique, touristique et populaire, seul le creux de la nuit semblait avoir raison de son tumulte. Du bruit, des gens, Havanais et touristes, beaucoup de gens se concentrent dans ce minuscule espace.
Les Occidentaux sont achalandés de toutes parts tantôt pour acheter des babioles, pour venir manger dans un restaurant ou par un taxi. Après deux jours, notre désir de s’enfuir de la ville était violent. Finalement, après une pause bien méritée dans l’ouest de l’île plus calme, nous sommes revenus dans la capitale pour y passer nos deux derniers jours. Mais, pour se lancer à la découverte des autres quartiers moins achalandés comme le Vedado. Nous y avons fait de belles découvertes, et profitant du calme qui y régnait.
La ville est complexe, difficile à saisir. Les immeubles mal entretenus, voire en ruines, témoignent des mauvais soins auxquels ils ont été soumis ses dernières décennies. Finalement, ces stigmates lui procurent un charme particulier, même si l’on sent l’envie des Cubains qu’ils s’effacent. Eux-mêmes prennent grandement soin de leur habitation. Les murs extérieurs sont colorés, les peintures souvent fraîches (surtout en campagne) et les intérieurs très décorés.
Les casas particulares à Cuba, à tester !
Nous avons choisi de loger uniquement en casas particulares, chez l’habitant, durant notre séjour et nous conseillons à tout le monde d’en faire autant. Non seulement les prix sont abordables, mais, en plus, cela permet une approche plus humaine au voyage. Bien sûr, cela reste un revenu pour eux. D’ailleurs, cela se sent au nombre de casas qui vivent dans les coins les plus touristiques. Cependant, on a perçu chez certains l’envie de se connecter avec l’extérieur et aussi de partager ce qu’ils aiment dans leur pays. L’avantage de ce type d’hébergement est de pouvoir rencontrer des Cubains, discuter de leur vie, améliorer son espagnol, manger des plats locaux (composés majoritairement de riz avec des haricots rouges, mais très savoureux), d’avoir de bons conseils sur les activités et lieux à découvrir, etc.
Notre itinéraire à Cuba
Sur 10 jours
- 2 jours La Havane
- Trajet La Havane — Pinar del Rio en bus (Viazul)
- 1 jour à Pinar del Rio
- Pinar del Rio — Viñales en bus (Viazul)
- 4 jours à Viñales dont 1J à Cayo Levisa et 1J à Cayo Jutias
- Retour La Havane (covoiturage)
- 2 jours à La Havane
Coût total pour 10 jours de voyage à 2 avec les billets d’avion en février 2016 : 1 900 CAD (1 200 euros)
(comprend avion avec Air China + 10 nuits en casas particulares + repas + activités + transport)
Comme c’est étrange et sympa de lire votre article sur Cuba au moment où j’écris les miens… Vous y étiez en février l’an dernier, nous y étions, pour 10 jours également, fin novembre/début décembre – au moment de la mort de Fidel Castro.
J’aime découvrir votre point de vue et vos photos sur un pays qui m’a touchée et fait réfléchir à plein de choses en même temps, qui m’a fait rêvé également de par sa beauté et la générosité des gens (même si parfois, elle reste forcée).
Belles découvertes donc pour votre prochain grand voyage qui s’approche à grands pas!
Jul’
Oh tiens belle coïncidence! On a hâte d’aller lire ton article sur Cuba et tes impressions de ce pays.
Merci pour ton commentaire 🙂 Ça devait être particulier pendant la période de deuil non?
Laura
Il faudra encore attendre un petit peu mais j’espère que les articles cubains vous plairont.
Oui, nous avons vécu Cuba différemment, sans musique, sans fête, avec très peu d’alcool mais découvert et écouté les gens d’une autre manière…
Je pense que vous avez bien fait d’aller dans les casas particulares. Je lisais le texte d’une exilée cubaine récemment qui disait que c’était un moyen d’aider plus les habitants que d’enrichir la dictature. J’ai beaucoup lu d’auteurs dissidents comme Zoé Waldes, donc j’ai du mal à envisager d’aller à cuba pour l’instant, j’attends le changement. Mais j’ai trouvé votre article très intéressant, refusant les clichés cigares vieilles voitures etc, pour nous montrer mieux le pays.
Bonjour, merci pour ton commentaire!
C’était simplement inenvisageable pour nous d’aller en hôtel pour notre voyage à Cuba. Comme tu le dis, c’est un bon moyen d’aider les locaux et cela rend l’expérience plus enrichissante. J’ai un peu lu Zoé Waldes avant le voyage et cela m’a permis de comprendre les enjeux du pays, même si cela n’a pas été un frein, et je suis contente de l’avoir fais car ce voyage m’a un peu bousculé dans ce que j’ai l’habitude de faire.
On est content que tu ais aimé notre approche pour cette article 🙂
J’aimerais bien y aller !
Merci de ton commentaire! On te conseille vraiment le voyage si jamais tu en as l’occasion 🙂