[Journal de bord au Chili] #08 On dirait le Nord !

*Voici notre huitième journal de bord au Chili et en Bolivie, vous retrouverez le septième ici !*

Toutes les bonnes choses ont une fin. Depuis la vente de notre Furgoneta, nous revoilà piétons ! Nous avons aussi arrêté notre volontariat de 3 semaines dans un hostel de Santiago que nous avons réalisé le temps de trouver preneur pour notre van. On vous livre quelques réflexions supplémentaires de notre voyage, sur la société chilienne et notre arrivée en Bolivie ! Un journal de bord en bus ca vous tente ?

L’immigration « forcée »

Pendant notre séjour à Santiago, nous avons donc partagé la vie de 4 autres volontaires. Enfin partager est peut-être un bien grand mot. Tout d’abord, nous avions choisi de dormir dans le van pour sa sécurité et notre confort. Et puis aussi, car finalement nous ne les voyons pas tant que ça…

Travailler plus, pour gagner le minimum

En effet, les volontaires ont un travail à côté et faisaient en plus des 25 h hebdomadaires de l’hôtel une « deuxième » semaine à côté. Afin de pouvoir respecter leurs horaires de jours, ils prenaient ainsi les tours de nuit. On a donc vite compris pourquoi ils étaient toujours fatigués…

Des situations différentes, mais non reluisantes

Ils étaient soit vénézuéliens, soit brésiliens. Le Chili est considéré comme un des pays les plus stables d’Amérique du Sud. Ce n’est pas l’Argentine qui viendra lui truster de place prochainement suite à son appel du pied vers le FMI… C’est donc une terre promise pour les voisins limitrophes en termes de chance professionnelle. Et puis concernant le Venezuela même si les médias en parlent moins, la situation continue de se détériorer. Cela engendre une fuite massive de ses habitants. Sur les plus de 30 millions de Vénézuéliens, plus du tiers avait choisi de s’exiler pour vivre une « existence normale ».

Eh oui, car finalement c’est bien de ce qu’il s’agit, vivre en fuyant la misère pour donner un futur meilleur à sa famille.

Amnesty International - Journal de bord 08

Et nous dans tout ça?!

C’est à ce moment qu’en tant que voyageur nous nous rendons compte de la situation que nous avons de notre côté. Quitter son pays par choix, sans se préoccuper d’un point de vue économique et en sachant pertinemment que le retour se fera un jour.

J’espère sincèrement que toi aussi qui liras ces lignes tu te rendras compte de la chance que tu as de vivre dans ton pays par choix. Soyons ouverts avec ceux qui cherchant refuge à l’étranger, ça pourrait tout simplement être nous un jour. 🙂

Amnesty International - Journal de bord 08

Ça taquine du bus

Nos premiers trajets en bus ont commencé directement avec un petit 12 h entre Santiago et Copiapó. Quoi de mieux pour se mettre en jambe ? 🙂

Mode backpacker

Il existe deux classes et nous avons choisi la moins chère pour ce premier voyage que nous avons fait de jour. Les sièges sont suffisamment confortables et peuvent tout de même s’abaisser. Il s’agissait de la compagnie Pullman Bus qui nous a semblait tout à fait correct.

Ensuite nous avons roulé 10 h 30 entre Chañaral et Iquique. Rebelote avec la classe basique et cette fois de nuit ! Notre tolérance aux longs trajets a sûrement été développée durant nos centaines d’heures de train réalisées pendant notre voyage de 4 mois en Amérique du Nord en 2017 !

D’ailleurs pour ceux l’ayant loupé voici notre VLOG sur notre traversée du Canada d’ouest en est en train en 2017 :

Le peuple chilien hanté par son passé

On avait déjà eu des échos au Chili sur ce problème mondial qu’est l’asservissement des peuples via les médias de masse. En effet, nos couchsurfers de Concepción, nous avaient raconté que les Chiliens étaient assez conditionnés sur beaucoup de thèmes. Malheureusement, ce phénomène existe également dans d’autres pays et par exemple la France est aussi sujette à la manipulation avec des médias pas très clean.

Mais là avec le recul et discussion avec nos couchsurfers de Copiapó, on a noté des choses particulières que l’on va vous présenter grâce à différents exemples.

La mainmise de deux groupes

Jaime, professeur d’histoire et notre couchsurfer sur Copiapó, nous a expliqué que deux groupes de communication de droite contrôlent les principaux médias. Que cela soit à l’échelle nationale ou régionale, les informations sont manipulées et tournées en fonction du gouvernement de… droite !

L’exemple parfait est que le pays était apparemment en proie à une « crise économique » juste avant l’élection présidentielle de 2018. Miraculeusement, à l’élection du candidat de droite Piñera, la croissance a repris et tout semble mieux aller… !

La différence chilien et argentin

On en revient encore à cette comparaison, mais la différence entre les habitants malgré la proximité des deux pays nous étonne à chaque fois.

Cette différence se note d’autant plus dans les échanges que l’on peut avoir avec eux. Nous avons eu des échanges plus « profonds » et moins « formatés » avec des Argentins que des Chiliens. Après en avoir discuté avec nos couchsurfers, le matraquage médiatique en est la principale cause, mais aussi la très sombre période de la dictature qui a influencé sur un mode de pensée…

Piñera et les mineurs en 2010

Peut être certains d’entre vous se rappellent de cette histoire qui avait fait le tour du monde en 2010. 33 mineurs chiliens étaient restés coincés pendant 69 jours à 688 m sous terre.

Piñera qui était à l’époque président, durant son premier mandat, avait sorti son costume de « petit père des peuples ». Entre le Chili, les mines et les événements scandaleux, il y a une belle histoire comme vous pouvez le lire dans notre récite sur les mines de Humberstone.

Il avait brillé dans la mise en scène de ce sauvetage grâce à son chasuble et son casque de chantier. La récupération politique au top de sa forme…

Piñera à droite en 2010 - Journal de bord 08

Ce « mini Trump » est l’exemple typique du matraquage médiatique pour redorer le blason du gouvernement.

Les « fils de la liberté »

Et finalement en dernier, mais pas des moindres, cette histoire scandaleuse sur une exposition au musée d’histoire national. On parle d’une institution culturelle d’une très grande envergure à Santiago !

Une exposition qui recensait des figures emblématiques du Chili qui avaient œuvré pour le peuple chilien. On retrouve des personnalités ayant œuvré pour améliorer la cohésion sociale et la liberté des Chiliens. Sans rentrer dans les détails des faits et gestes de chacun, Pablo Neruda, Salvador Allende ou Gabriela Mistral sont présents par exemple dans l’exposition.

« Il n’a pas fait que des mauvaises choses… »

Et puis là c’est le drame, tout bascule… Les auteurs ont eu la bonne idée de citer parmi ces fils de la liberté un dénommé Augusto Pinochet, dictateur chilien ayant sévi entre 1973 et 1990 et coupable d’immondes et innombrables crimes envers son pays.

Il est défini comme ayant combattu le marxisme… Rappelons que durant le coup d’État, Allende qui était le président en fonction s’est suicidé dans le palais présidentiel. Celui-ci était assailli par l’armée sous les ordres du Général. Les responsables de l’exposition ont osé positionner Pinochet en dessous de Allende… Et voici ce qui est dit de lui :

L’action du 11 septembre a fait rentrer le Chili dans la lutte héroïque contre la dictature marxiste des peuples désireux de leur liberté.

Tout bonnement SCANDALEUX !

En même temps durant notre voyage combien de fois avons-nous entendu des personnes disant qu’avec Pinochet des choses positives ont été réalisées … Aussi incroyable que cela puisse sembler il existe encore des Pinochistes, soutien de Pinochet, dans la société chilienne.

Cela n’est pas si étonnant, mais comment peut-on oser incorporer un tyran dans une telle exposition ?

Des antécédents trop lourds

Cette mentalité n’est pas près d’évoluer rapidement, car 3 choses n’ont pas bougé dans cette société sclérosée depuis la fin de la dictature :

  • Les coupables des crimes liés à la dictature n’ont pas été jugés
  • Des anciens responsables et acteurs de la dictature sont dans les gouvernements actuels de droite
  • La constitution en place durant la dictature n’a pas été modifiée

Mais cela ne veut pas dire que justement des Chiliens n’essayent pas de faire bouger les choses. Les jeunes générations qui n’ont pas connu la dictature et la peur du quotidien s’engagent de plus en plus vers le changement.

Nous nous sommes renseignés sur cet épisode historique lors de notre arrivée au Chili. La visite notamment du Musée des droits humains et de la mémoire est difficile, mais nécessaire. C’est là où on s’est dit que nos parents qui ont entre 55 et 65 ans auraient pu être victimes de ces atrocités.

Ce sont des événements trop récents dans l’histoire du pays pour que cela soit mis de côté si rapidement…

L’éducation, ou plutôt l’endettement

Le modèle éducationnel chilien est très axé sur celui de nos chers amis américains. Vous comprendrez donc que cela n’est absolument pas gratuit et que le coût est non négligeable. Vive le capitalisme !

Pour exemple, nous avons discuté avec des locaux qui, suite à leurs études, ont des dettes de l’ordre de 19 millions de pesos. Un bref calcul nous convertit ça en 25 500 €. Nous ne parlons même pas de personne ayant effectué des études extraordinaires qui nécessitent des investissements. Car comme toute dette si on ne la règle pas rapidement les intérêts grimpent. Ainsi on peut trouver des personnes endettées à vie et perdant tous leurs biens… Leur faute dans la vie à ces petits fous ? Avoir tout simplement voulu étudier pour pratiquer un métier en adéquation avec leurs désirs !

Un commerce juteux

L’éducation est un commerce qui tourne du feu de dieu au Chili. En même temps, vous aurez compris que vu les prix pratiqués si on est du bon côté de l’équation on n’est pas le dindon de la farce…

Afin de se rendre compte de l’investissement que cela occasionne pour un Chilien, gardez en mémoire que le salaire minimum est de 230 000 CPL soit 310 €. On parle de 3 fois moins que le SMIC en France alors que le coût de la vie est assez similaire à celui de la France.

C’est comme si un jeune étudiant français qui sort d’une faculté doit rembourser dans les 75 000 € d’éducation. Je vous l’accorde le calcul est grossier et n’est pas exact en l’état, mais cela donne à réfléchir !

Bolivie, Bolivia

On attendait avec impatience de découvrir ce pays si mystérieux. Mystérieux, car la Bolivie est un pays qui n’est pas si médiatique que ça en Amérique du Sud et qui n’était pas prévu en début de notre voyage. Nous ne nous étions donc pas du tout renseignés avant de traverser la frontière.

Parc Sajama, Bolivie - Journal de bord 08

Pierre a tout de suite eu un coup de cœur sur les Boliviens de par leur physique. Non, il ne compte pas quitter Laura pour une Bolivienne ne prenez pas peur 😀 C’est difficile à expliquer, mais on sent chez eux un charme immense grâce à leurs traits qui paraissent rudes aux primes abord, mais si doux dès qu’un sourire apparaît. Les enfants sont tous beaux, leurs yeux ronds et leurs bouilles sont juste trop craquantes ! Et puis le style bolivien est si typique, cela représente si bien l’Amérique du Sud !

Tenue traditionelle Bolivienne pendant le Gran Poder à La Paz - Journal de bord 08

Nous avons hâte de découvrir ce pays si riche en culture et en activité ! Plus d’infos dans notre prochain journal de bord en Bolivie.

Cet article a 4 commentaires

  1. catherine vesentini

    Toujours beaucoup de plaisir à vous lire, j’ai hâte de vous suivre en Bolivie. C’est un pays que nous aimerions visiter, Peut être que de vous lire nous donnera envie de partir. Bon voyage.

    1. Deux Évadés

      Merci pour ton commentaire Catherine !
      Un peu plus de 2 semaines que nous sommes en Bolivie et on adore ce pays.
      On espère vous donner de belles idées pour un futur voyage alors !
      Au plaisir 🙂

  2. Les thèmes de l’éducation, l’histoire et la politique sont toujours bien difficiles à traiter… J’apprécie que vous ayez pris le temps et que vous nous fassiez part de votre point de vue sur ces sujets délicats, mais qu’il fait aborder. Surtout vu ce qui continue de se passer un peu partout dans le monde et les relations géopolitiques entre les pays. Aviez-vous lu « Veinas abiertas de Latino America » de Eduardo Galeano? Un peu dur à lire pour tous les faits, dates, chiffres qu’il expose, il reste néanmoins une référence historique et géopolitique en la matière et je ne peux que vous le conseiller pour en comprendre davantage sur les tenants et aboutissants des politiques locales.

    Pour changer de thème, vous allez A.D.O.R.E.R la Bolivie, c’est certain! Ces 2 premières photos en sont le vivant témoin.
    Profitez bien!
    et j’espère rdv cet été quelque part en France!

    Jul’

    1. Deux Évadés

      Merci Julie 🙂
      Nous n’avons pas lu ce livre, mais on en a beaucoup entendu parler donc cela nous intrigue ! Cela permettra de nous rappeler notre voyage sud-américain. 😉

Et toi, tu en penses quoi de ce que tu viens de lire ?

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